Qui suis-je ?

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Comédien (entre autres, chez J-L Hourdin, M. Dieuaide, M. Yendt, M. Maréchal, J. Cattino), Michel Bellier est aussi auteur de théâtre. Boursier (CNL, Beaumarchais), en résidence (La Chartreuse, Éclats de Scène, Théâtre d'O-Montpellier, TDG-Grasse, CEDWB-Mariemont, Belgique), il saute de murmures en épopées, de commandes en projets persos. Du court, du long, des objets théâtraux pas tout à fait identifiés, faits pour la bouche, les oreilles et le corps tout entier. Des éditées (Lansman, L’Act Mem) ou de simples feux n’ayant lui que le temps de la représentation. Il anime stages et ateliers d’écriture. En milieu scolaire, pour les enseignants, pour des populations “spécifiques”(Prisons, Hôpitaux psychiatriques). Titulaire du Diplôme d’État pour l’Enseignement du Théâtre. Passager clandestin sur les musiques des autres, il se glisse à bord d’univers divers et en décore l’intérieur de ses mots à lui. Il est parolier pour Samarabalouf, Zenone, Lafontaine. Il aime l’écriture qui se parle, les mots qui se chantent, et déteste les vérités qui se hurlent. Il écrit des mots au fil de l’oral. Car les mots, c’est fait pour le bouche à oreille, pour voyager à dos d’homme et de femme.

jeudi 31 mai 2012


photo André Altiéri

Jusqu’à la mer et au-delà (éditions Lansman) est en train d’être créée au TDG de Grasse. Joëlle Cattino et la joyeuse bande de Dynamo Théâtre s’emparent du texte et du plateau. Font se coïncider l’un et l’autre. Téléphonent à l’auteur. Trouvent des fraternités. Téléphonent à l’auteur. Se heurtent à des contradictions, des impossibilités. Téléphonent à l’auteur.
Répètent, rigolent, s’engueulent, s’épuisent, fêtent ensemble le 06 mai ! Partagent leur joie au téléphone avec l'auteur....
photo André Altiéri

Le théâtre est fait de l’impossible qui ouvre tous les possibles. En fait, on appelle peut-être ça : l’homme.
Quand on y pense : splendide bonheur que cette résidence qui nous a été proposée pendant 18 mois à Grasse ! Raconter une ville, de sa création à nos jours. Forcément en tomber amoureux… L’aimer avec toutes ses failles, ses faiblesses, et ses beautés effritées.
photo André Altiéri

Résultat : quatre soirées pleines à craquer. Quatre soirées de bonheur. L’aboutissement. En même temps que la fin. Voilà bien le plaisir trouble du théâtre. Jouir en même temps que finir…Quand je vous le dis qu’il y a quelque chose de sexuel là-dedans !
En fait, le théâtre, c’est ça. Faire le compte des espoirs et des erreurs collectifs. Témoigner de l’humanité avec son charroi de fourvoiements, d’espoirs et, pourquoi pas, d’utopies.
photo André Altiéri
photo André Altiéri
Merci à la ville de Grasse, merci au TDG pour cette superbe aventure ! 


 
Privilège de l’auteur, j’observe de loin. De très loin puisque de retour du Nord, me voilà plongé dans un sacré problème. Faire rentrer le monde de la mine, 260 ans d’exploitations minières dans une pièce de théâtre, une pauvre petite pièce ! Moi qui ai coutume de dire et de répéter qu’un plateau de théâtre c’est grand comme le monde, je ne peux jamais m’empêcher de m’y sentir à l’étroit chaque fois que je commence un nouveau projet. Et celui-ci particulièrement. Commencer par quoi ? C’est comme un boulet de charbon, cette histoire. Sphérique, sans angles où mettre ses ongles. Et puis, justement, se dire que le théâtre, cet art qui ne sera jamais autre chose que rudimentaire avec ces instruments rustiques que sont le corps, la voix, l’imagination, le théâtre est fait pour ça, c’est l’artisanat idéal pour raconter ces destins de gens de peu. Alors commencer par quoi ?
Les conditions inhumaines dans lesquelles travaillaient les premiers mineurs ? Raconter comment descente et remonte se faisaient par des échelles dans le noir absolu. Raconter comment les accidents étaient fréquents à la remonte de ces corps épuisés par douze heures de travail éreintant et qui lâchaient les barreaux de fatigue et tombaient au fond. Nombres de cadavres à l’époque étaient ceux d’enfants, filles et garçons.
Les catastrophes ? Raconter l’hallucinant, ce qui dépasse tout raisonnement, toute imagination. La catastrophe de Courrières de 1906 ? 1100 mineurs tués en mois de deux minutes par un énorme coup de grisou qui parcourut 110 kilomètres à la vitesse de l’obscur.
Raconter l’hallucinant qui n’en finit plus. Comment 20 jours après, alors que toutes les recherches et opérations de sauvetage avaient été abandonnées, on vit sortir 13 survivants. Ils avaient cherché la sortie dans le noir absolu ! Pour survivre, ils avaient bu leur urine et mangé des cadavres de chevaux (l’histoire officielle s’arrête à ce type de nourriture..).
Raconter l’hallucinant inhumain. Comment 24 jours après, on vit remonter Auguste Berthou, seul.
Comment cette catastrophe (la plus grande en Europe) fut à l’origine de la création du Ministère du Travail.
Les grandes grèves ?
Raconter ces Polonais qui, un jour de 1934, décident de ne pas remonter… la première grève au fond. Raconter comment ils furent expulsés sans délai ni ménagements. 20 kgs de bagage en tout et pour tout pour ceux qui avaient fait leur vie ici.
Raconter la claustrophobie ? Le système étanche et autonome des prestations sociales délivrées par les Compagnies et les Houillères ? 
Raconter les yeux qui voient de moins en moins, les poumons qui rétrécissent ? Les atermoiements des médecins du travail quant aux maladies professionnelles.
Trouver les mots qui auraient la force des dessins de Georges Higuet. 

Trouver des situations qui auraient la beauté dépouillée des poèmes de Jules Mousseron…

Commencer, raturer, chiffonner, reprendre, plonger dans la poubelle pour retrouver la phrase griffonnée, celle qu’il me faut… Bref..écrire quoi. Écrire simplement une histoire compliquée. En faire du théâtre. C’est à dire simplifier sans réduire…
Et c’est ainsi qu’est née Et des Poussières… (éditions Lansman)





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